Se retrouver face à un vieux rosier, liane alanguie ou grimpant indiscipliné, c’est un peu comme ouvrir un livre dont les pages se seraient emmêlées : il faut trier, comprendre, puis agir. Les rosiers grimpants et les lianes n’ont rien d’intimidant. Leur taille, souvent jugée délicate, se révèle d’une logique imparable, parfois même plus simple que celle des buissons classiques. Avant d’empoigner le sécateur, une étape décisive : distinguer les rosiers remontants de ceux qui ne le sont pas. Les premiers offrent plusieurs floraisons, de mai à l’automne, voire jusqu’aux premiers frimas. Les seconds, notamment les lianes, se donnent à fond une fois par an, au printemps, dans un foisonnement spectaculaire.
Ce point change la donne, car c’est le calendrier qui en dépend :
- Rosiers remontants : la taille s’effectue à la fin de l’hiver, juste avant le réveil des bourgeons.
- Rosiers non remontants : on intervient juste après la floraison, au début de l’été.
Se tromper de moment, c’est risquer une année sans fleurs. Une taille hivernale sur un rosier non remontant peut le priver de toute floraison. L’enjeu est donc simple : observer, identifier, puis agir au bon moment.
Voici comment stimuler la floraison, donner une silhouette harmonieuse à votre rosier, renforcer ses branches, lui offrir une seconde jeunesse et structurer un grimpant, en suivant ce parcours :
- Quelques repères sur la taille en général
- Taille des lianes et grimpants non remontants
- Taille des rosiers grimpants remontants
I. Ce qu’il faut retenir avant d’agir
- Faites toujours vos coupes en biseau, juste au-dessus d’un bourgeon, et privilégiez un sécateur bien affûté. Cette manière de couper permet d’empêcher l’eau de s’accumuler et limite le développement de maladies.
- Il est conseillé de désinfecter l’outil entre chaque rosier, avec un peu d’alcool ou une flamme de briquet, afin d’éviter la transmission de maladies.
- La taille doit se faire en période sèche : la cicatrisation se produit mieux. Quand la pluie s’invite, mieux vaut patienter, et le geste n’en sera que plus facile sous un beau rayon de soleil.
Pour ceux qui souhaitent approfondir, un dossier détaillé explique de manière technique comment réussir ses tailles, des bases jusqu’aux astuces les plus précises des jardiniers aguerris.
II. Taille estivale : lianes et grimpants non remontants
Les rosiers lianes et grimpants non remontants n’exigent pas de grands efforts. Un nettoyage, un rajeunissement ponctuel et un contrôle raisonnable de leur vigueur suffisent : certains peuvent s’étirer de plusieurs mètres au fil d’une seule saison. Au jardin, « Félicité et Perpétue », « Violet Blue », « Reine de mai », « Mme Alfred Carrière » ou « Albertine » sont des classiques remarquables, présentés sur la photo ci-dessous.
Période d’intervention : juste après la floraison, pendant l’été.
Voici les étapes à suivre pour entretenir ces variétés exubérantes :
- Éliminer tout le bois mort ou les branches qui n’ont pas fleuri
- Retirer les tiges qui se croisent pour aérer la charpente
- Supprimer une partie des vieilles branches, ce qui favorisera la pousse de nouvelles tiges vigoureuses
- Ôter les fleurs défleuries pour éviter que la plante ne s’épuise à produire des fruits. Si vous aimez les cynorrhodons colorés, attendez la fin de l’hiver avant de couper ces restes de fleurs.
Un autre point compte autant que le sécateur : la solidité du support. Les lianes développent une carcasse imposante ; il leur faut une pergola bien ancrée, assez haute. Palisser une branche sur un arbre vivant fonctionne, à condition que celui-ci soit sain et robuste. Un tronc mort cédera sous la pression d’un rosier en pleine santé.
Palissés contre un mur ou un grillage, les rosiers non remontants profitent des mêmes interventions. La différence se trouve seulement dans le rythme de leur floraison.
III. Taille hivernale : rosiers grimpants remontants
Période d’intervention : la fin de l’hiver, entre le 15 février et le 15 mars. C’est justement à ce moment, juste avant le réveil de la végétation, que la taille stimule l’apparition de jeunes pousses. Il suffit d’observer : quand les premiers bourgeons s’arrondissent, il est temps de tailler.
Pour trouver de belles idées variétales, pensez à Lace Cascade, Martine Guillot, Rose Salma Es-Said, Phyllis Bide, Sombreuil, Ghislaine de Féligonde, Hazelnut Blush ou encore Senegal, avec ses fleurs rouge profond qui retiennent l’œil.
Pour réussir la taille, voici les étapes à suivre :
- Comme pour la taille d’été, commencez par nettoyer le rosier : ôtez tout le bois mort, les rameaux qui se croisent et les fleurs desséchées pour concentrer la sève sur les futures pousses.
Charpentières et jeunes pousses à préserver, Roses Guillot
- Pour donner un second souffle à un vieux grimpant, chaque année, supprimez l’une des grandes branches charpentières, reconnaissable à son bois sombre. Cette partie centrale, d’où partent les rameaux fleuris, se remplace au fil des ans par une jeune branche. Ce renouvellement progressif assure une structure à la fois solide et dynamique.
Charpentière en palissage, Roses Guillot
- Trouvez les jeunes tiges charpentières et guidez-les à l’horizontale autant que possible. Plus elles sont arquées, plus la floraison latérale est stimulée. Fixez-les à l’aide de liens souples (fil, raphia d’osier…) pour ne pas abîmer le bois. Selon la force de croissance, cette étape peut se faire juste après la taille ou plus tard, au printemps ou à l’automne. L’essentiel est de prendre le temps d’observer l’évolution de chaque tige.
- Pour finir, prenez le temps d’apprécier la silhouette du rosier. Reculez d’un pas, ajustez la taille selon l’allure souhaitée ou le support présent. Une coupe décidée fera jaillir toute la vigueur de la plante, et sa forme finale dépendra du support et de votre regard sur le jardin.
Pour perfectionner sa technique, il existe une somme de conseils détaillés et de repères à explorer, des schémas précis jusqu’aux explications de terrain. Et le sécateur n’est jamais loin pour mettre en pratique.
Phyllis Bide et Rose Salma Es-Said, Roses Guillot
Photos tous droits réservés, Roses Guillot
Face à un vieux rosier, chaque taille dessine un pari unique sur le rebond de la saison suivante. Après le nettoyage et l’observation, quelques gestes bien ajustés et c’est tout un pan de mur prêt à exploser de couleurs dans quelques mois. Les plus belles récompenses du jardin n’arrivent jamais par hasard : il faut simplement savoir regarder, attendre… et parfois, oser couper.

















































Charpentières et jeunes pousses à préserver, Roses Guillot
Charpentière en palissage, Roses Guillot








